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Plaidoyer pour la libération de la journaliste burundaise Floriane Irangabiye.


Les faits sur son inculpation

Floriane Irangabiye est une citoyenne burundaise qui vivait au Rwanda depuis 2009 pour des raisons professionnelles et familiales. Durant son séjour au Rwanda elle a fait divers emplois y compris le travail d’animatrice et modératrice des émissions sur la radio-web Igicaniro, créée par une association de Burundais vivant en exil, où elle invitait régulièrement des personnalités burundaises bien connues pour discuter des problèmes de son pays natal.

Vers mi-août 2022, Floriane s’est rendue en toute liberté et en respect des règles d’entrée au Burundi pour visiter sa famille qui vit actuellement à Bujumbura. Après près de deux semaines de séjour au Burundi, Floriane Irangabiye a été interceptée par des agents du Services Nationaux de Renseignement (SNR) alors qu’elle se rendait aux funérailles d’un parent dans le sud du Burundi. Sans mandat d’amener
ni justification elle a été immédiatement arrêtée et placée en détention dans les bureaux des SNR où elle a été interrogée sans avocat. Elle y a été détenue sans qu’aucun chef d’accusation ne lui soit signifié, ce qui est une violation du Code de procédure pénale burundais, ainsi que des normes africaines et internationales en matière de droits humains, qui garantissent le droit de toute personne placée en garde à vue à être rapidement inculpée ou libérée.

Sa première comparution a eu lieu devant une Chambre de conseil le 8 septembre 2022 pour atteinte à l’intégrité du territoire, une charge déposée par le Ministère Publique; et malgré l’absence de toutespreuves d’inculpation, elle a été maintenue en détention. Le Ministère Publique a demandé du temps pour chercher des preuves d’inculpation, ne les ayant pas trouvés, cette charge sera écartée mais Floriane restera en détention. Elle sera d’abord transférée à la prison centrale de Mpimba à Bujumbura, puis à la prison de Muyinga au nord du pays loin de sa famille afin de rendre difficile les possibilités de visite de sa famille. Cette détention pendant des mois sans chef d’accusation, ainsi que l’absence de preuves, constituent des violations flagrantes des principes d’un procès équitable entérinés par la loi burundaise et le droit international.

Elle comparaitra par la suite pour signification d’une nouvelle charge, cette fois-ci, les motifs de son inculpation seront changés pour être accusée d’‘atteinte à l’intégrité de l’État’.

Son procès a eu lieu le 2 janvier 2023, le jugement aura été expéditif et rendu public dès le lendemain, le 3 janvier 2023. D’après le verdict rendu à l’issue du procès, le juge s’est fondé sur ses voyages réguliers entre le Rwanda et le Burundi, et l’a accusée de critiquer le gouvernement burundais à travers ses émissions où elle donnait la parole aux opposants politiques qui critiquaient la mauvaise gouvernance et les violations des droits humains perpétrés au Burundi par les agents de l’État.

Floriane Irangabiye a été condamnée à dix ans de servitude pénale et d’une amende d’un million de francs burundais. La peine se base sur une disposition vague du code pénal qui est souvent utilisé arbitrairement dans le but de poursuivre des personnes qui expriment des critiques et des avis de manière pacifique.

Le verdict du tribunal et la longue peine d’emprisonnement semblent être motivés par le travail de Floriane Irangabiye qui, en tant que journaliste a tendu le micro aux invités pour exprimer des opinions critiques à l’égard du gouvernement. Il s’agit d’une attaque flagrante à la liberté de presse et d’opinion ainsi qu’à la profession de journaliste à exercer en toute indépendance. C’est aussi un message d’intimidation à l’égard de toute voix qui s’élèverait pour dénoncer les actes de violences commis sur la population en toute impunité.

Il s’agit également d’un énième exemple du fossé entre les discours du président de la République dénonçant un système judiciaire corrompu et inique et les actions de son gouvernement.

Les avocats de Floriane Irangabiye ont interjeté appel le 23 janvier.

Craintes de son emprisonnement

Emprisonnée dans une prison isolée, loin de sa famille, Floriane serait soumise à des fouilles corporelles menées en prison comme ce fût le cas d’un agent de police qui s’en est vanté sur les médias sociaux. D’ailleurs, même ses visiteurs seraient soumis à des fouilles corporelles afin de les dissuader de lui rendre visite.

Étant donné les conditions de sa détention, nous craignons des risques de harcèlement, une dégradation de sa santé et des conditions liées à sa détention.

Compte tenu de toutes ces raisons :

  • L’ABC demande aux autorités burundaises de libérer immédiatement et sans conditions Floriane Irangabiye afin de lui permettre de retrouver sa famille.
  • L’ABC condamne l’hostilité du gouvernement burundais envers la société civile et les médias et l’invite à mettre en œuvre des réformes de fond pour remédier au manque d’indépendance de la justice.
  • L’ABC demande aux autorités burundaises de cesser de harceler les voix critiques, respecter la liberté de la presse comme condition de la démocratie et permettre aux journalistes et aux médias de faire leur travail sans crainte de représailles.
  • L’ABC sollicite le gouvernement canadien à faire pression sur le gouvernement burundais pour que Floriane soit immédiatement libérée et sans condition.

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