La campagne électorale est lancée. Pierre Nkurunziza a cédé aux pressions internes, régionales et internationales. Pas de quatrième mandat, encore moins d’intronisation à vie. Un départ qui, malheureusement, intervient tardivement après un mandat de trop obtenu dans le sang et en violation de la constitution.
Qui commence mal finit mal dira-t-on, le bilan du régime de Nkurunziza est si sombre que sa sortie est peu honorable. Le régime laisse derrière lui plusieurs milliers de morts et, il est coupable des actes de torture, d’arrestations arbitraires, de viols, d’assassinats et de disparitions forcées. Les graves violations des droits humains ont laissé des traces indélébiles de souffrance et la Cour Pénale Internationale (CPI) a ouvert une enquête sur les exactions du régime. Qui plus est, une partie des acteurs politiques, de la société civile, la plupart des journalistes des médias indépendants ainsi que des centaines de milliers de Burundais sont encore en exil.
Un contexte électoral peu rassurant
C’est dans ce contexte peu rassurant que s’organisent les prochaines élections dont la campagne a officiellement commencé ce lundi 27 Avril 2020. On note en particulier une intolérance politique dont les membres du Congrès National de la Liberté (CNL) paient un lourd tribut. Cette intolérance politique est accompagnée par l’utilisation d’un mouvement de la jeunesse Imbonerakure, affilié au parti au pouvoir, qui véhicule un discours de haine qui est même enseigné aux jeunes générations. Nous remarquons également une instrumentalisation des travaux de la Commission Vérité et Réconciliation (CVR) à des fins électoralistes.
De plus, l’absence d’observateurs neutres aux lieux du vote; le musèlement de la liberté d’expression par l’emprisonnement et l’intimidation des journalistes sèment beaucoup de doutes sur la légitimité des résultats qui sortiront de ces élections. Ce sont ces professionnels des médias qui devraient normalement être sur le terrain pour couvrir le déroulement des élections en donnant une information juste et fouillée dans le but de rassurer non seulement la population mais aussi les autres candidats qui briguent le fauteuil présidentiel.
Et comme si ces maux ne suffisaient pas, le Coronavirus (COVID-19) frappe de plein fouet. Pendant cette période électorale, il serait judicieux de prendre toutes les précautions afin d’encadrer les rassemblements de masse qui, sans cela, risquent d’être des catalyseurs de la propagation rapide de cette pandémie.
Ce qu’attendent les burundais des élections
Malgré ce contexte plein d’inquiétudes, le pays est à la croisée des chemins vers un élan politique qui pourrait soit, le condamner de rester dans la misère et dans le désespoir, ou de le relancer sur la voix de la paix et du développement.
Dans l’hypothèse d’un scenario positif, tous les burundais attendent des candidats qui gagneront les élections des actions urgentes qui vont relancer le pays sur la voie de la paix et du développement, à savoir :
Restauration de la sécurité pour tous
Les violences politiques, la torture, les disparitions forcées et les exécutions extra judiciaires doivent cesser. Les forces de l’ordre doivent protéger tous les burundais, travailler pour la population et non pour un parti ou un individu au pouvoir. Aucune organisation civile à l’instar des jeunes militants des partis comme les imbonerakure ne devra plus se substituer aux organes de défense et de sécurité.
L’instauration d’un climat de tolérance et de respect des droits humains pour tous
Il faut créer un environnement favorable qui inclut le respect des libertés civiques et politiques à l’endroit des individus, des partis politiques, de la société civile et des médias. À cet effet, les nouveaux élus devront relancer le dialogue avec les membres de l’opposition en vue de réhabiliter les partis politiques disloqués, la société civile exilée et les médias indépendants détruits. Des mesures devront être prises pour garantir un retour sécuritaire des réfugiés.
Réhabilitation de la justice et de la bonne gouvernance
Beaucoup de Burundais croupissent dans les prisons arbitrairement et injustement par le simple fait d’appartenir à des organisations politiques divergentes avec le pouvoir en place. Ces innocents n’attendent du changement que leur remise en liberté. De plus, les burundais ont soif d’une mise en place réelle des mécanismes de justice afin de juger les crimes graves dont ils ont été victimes. Les nouveaux élus devront rompre avec les pratiques de mauvaise gouvernance et manifester une réelle volonté politique pour sévir contre ceux qui privilégient leurs intérêts personnels au détriment de la population.
Les priorités ci-haut citées rassureront le peuple Burundais et la communauté internationale. Elles ramèneront un climat de paix et de sécurité permettant ainsi de faire face aux enjeux économiques et sociaux, tel que : la revitalisation du système éducatif, l’amélioration du système de santé publique, la réhabilitation et la construction de nouvelles infrastructures. En outre, la promotion et la redynamisation du secteur privé seront encouragées afin de stimuler la création d’emplois. Le Burundi est un des pays dont le taux de chômage des jeunes diplômés est particulièrement très élevé et cela constitue un potentiel foyer d’insécurité.
L’Alliance des Burundais du Canada en appelle à la responsabilité des acteurs politiques Burundais pour mettre en avant les aspirations du peuple Burundais au-delà des querelles partisannes et de se garder de tout acte pouvant retourner les burundais dans la détresse qu’ils endurent depuis ces dernières années.
@Alliance des Burundais du Canada (ABC)