Burundi-Le pouvoir en place ne peut cacher indéfiniment et impunément ses crimes à la terre entière
«Le gouvernement continuera d’utiliser tous les outils à sa disposition pour chercher à mettre un terme au climat d’impunité qui règne au Burundi et permettre une solution politique à la crise». Telle est en substance une promesse contenue dans la réponse du gouvernement canadien au sixième rapport du comité permanent des affaires étrangères et du développement international intitulé: «Division et violations des droits de la personne au Burundi». Il s’agit, pour l’Alliance des Burundais du Canada, d’un engagement on ne plus responsable et caractéristique d’un pays de droit au vrai sens du terme. L’ABC ne peut que s’en réjouir et son engagement en faveur de la paix au Burundi, qui passe par l’effondrement de la dictature et du régime de terreur ne fait qu’en être renforcé. Le soutien canadien est de taille quand on sait combien le pouvoir de Bujumbura ne cesse de se targuer orgueilleusement d’avoir vaincu la communauté internationale et d’avoir divisé le Conseil des Nations Unies, en contribuant à casser son unité et la cohérence de ses décisions au sujet du Burundi. Le Canada semble d’ailleurs s’être rendu compte du nombre croissant et inacceptable de vétos, au sein du Conseil de Sécurité des Nations Unies et s’engage à travers cette réponse à œuvrer en faveur de la limitation de vetos en cas de perpétration de massacres dans un pays. Il n’est pas sans savoir que la tâche est ardue tant qu’on n’est pas membre de cette instance, mais il espère convaincre les pays qui partagent les mêmes valeurs et la même optique que lui, à militer en faveur de la retenue.
En ce qui concerne le Burundi et la situation des droits de la personne qui y prévaut, on perçoit aisément, à travers la réponse fournie par le gouvernement du Canada, la volonté et la disponibilité de ce pays à suivre de près la situation. L’ABC est fortement encouragée par l’attitude du Canada, surtout qu’elle déplore encore une fois l’état d’impunité qui caractérise ce pays meurtri par la crise; une crise qui plus est, a été provoquée et se trouve entretenue par ceux-là mêmes (les autorités burundaises) qui, sous d’autres cieux auraient dû plutôt prendre leurs responsabilités en mains, en vue de l’enrayer. Le regard du Canada est d’autant plus encourageant qu’il s’appuie sur une analyse pertinente de la situation sans se nourrir d’informations tendancieuses et malhonnêtes de la part de propagandistes de tout acabit, zélés et sans doute motivés par des cercles proches de la dictature de Bujumbura qui, d’une manière ou d’une autre gratifient leurs gestes.
Quatre parties composent donc la réponse complète du gouvernement canadien au sixième rapport du comité permanent des affaires étrangères et du commerce international sur la question des droits de la personne au Burundi. C’est un document d’une valeur inestimable, aux yeux des défenseurs des droits de la personne et de la vérité ainsi que pour les Burundais de bonne foi. La première partie qui est en réalité le premier groupe de recommandations du comité assorti d’une réponse du gouvernement du Canada, porte sur «le soutien du Canada aux efforts de surveillance des droits de la personne au Burundi». La deuxième partie a trait aux recommandations touchant à «l’engagement bilatéral du Canada avec le gouvernement du Burundi»; la troisième comprenant des recommandations et des réponses visant principalement les efforts du gouvernement du Canada en vue de «la promotion des interventions internationales au moyen d’une mobilisation bilatérale et multilatérale». Le quatrième groupe de recommandations et la réponse y apportée concernent les «programmes du Canada pour appuyer les réfugiés, les demandeurs d’asile et d’autres projets».
Au regard de ce qui précède, il apparaît clairement que le Canada est sensible aux signaux reflétant la détérioration de la situation en matière des droits de la personne au Burundi et s’engage à encourager une veille attentionnée en vue de détecter et de documenter tout abus sur ce terrain des droits humains. Il n’entend évidemment pas se substituer aux organisations en charge du secteur mais il indique avoir pris des dispositions pour suivre de près «toute rhétorique à forte connotation ethnique» et à «prévenir la perpétration d’actes génocidaires». A cet effet, le Canada a mis la main à la poche en débloquant une enveloppe de 3.6 million de dollars pour appuyer les efforts internationaux de surveillance, consistant à surveiller les premiers actes d’atrocités de masse. Le gouvernement du Canada a émis le souhait de voir le Haut Commissariat aux droits de l’homme des Nations Unies au Burundi continuer à documenter les violations des droits de la personne et d’en faire le rapport.
Au sujet de l’engagement bilatéral avec le gouvernement du Burundi, le Canada a exhorté et encouragé le gouvernement du Burundi à permette aux observateurs de l’Union Africaine et la mission policière des Nations Unies mandatée en vertu de la Résolution 2303 de 2016, un accès complet à son territoire. Pour ce qui est de la promotion des interventions internationales au moyen d’une mobilisation bilatérale et multilatérale, le gouvernement du Canada est convaincu que les efforts résolument conjugués de l’Union Africaine, des Nations Unies et de la Communauté des états d’Afrique de l’est peuvent porter des fruits.
Le Canada est conscient que certaines mesures au plan multilatéral peuvent s’avérer difficiles compte tenu du fait qu’il n’est pas un membre permanent du Conseil de sécurité des Nations Unies et que son influence directe sur l’instance est par conséquent difficile. Cependant, il s’est engagé à s’appuyer sur des membres de cette entité «d’optique similaire» pour voir ensemble la «faisabilité de sanctions et d’interdiction de voyager à l’égard de représentants de l’état burundais».
En ce qui a trait au volet relatif au «programme du Canada pour appuyer les refugiés, les demandeurs d’asile et d’autres projets», le gouvernement du Canada s’est dit inquiet du sort des 400.000 réfugiés et reste convaincu qu’une aide en faveur des réfugiés dans les pays d’accueil est d’une nécessité absolue.
Le gouvernement du Canada reste disposé à apporter une protection à toute personne qui a été persécutée et c’est, indique-t-il à travers sa réponse complète, «au cœur du mandat du ministère de l’immigration, des réfugiés et de la citoyenneté». En guise de matérialisation de cet engagement, le document note qu’entre 2015 et 2017, le Canada a offert 12,95 millions de dollars au Haut commissariat des nations Unies pour les réfugiés, le HCR afin de l’aider à répondre aux besoins des refugiés y compris ceux du Burundi qui sont installés en Tanzanie, en Ouganda, en République Démocratique du Congo et au Rwanda.
Dans le même ordre d’idées, le document ci-haut cité indique que le Canada a réinstallé depuis le début de la crise en 2015, près de 700 refugiés du Burundi et a offert sa protection à 433 demandeurs d’asile entre 2015 et 2016. C’est dans ce cadre, précise la réponse que l’«agence des services frontaliers du Canada maintient son moratoire sur le renvoi de personnes au Burundi, en appliquant un sursis administratif aux renvois».
L’Alliance des Burundais du Canada salue donc sans réserve l’intégralité de la réponse complète du gouvernement du Canada et s’engage à lui apporter toute information pertinente, susceptible de l’aider à aller de l’avant et même à prendre d’autres initiatives idoines, allant dans le sens de contribuer à résoudre la situation de crise prévalant au Burundi. L’ABC encourage le Canada à œuvrer, de concert avec toutes les nations civilisées et sensibles à la question burundaise, au secours de ce peuple en danger, pris en otage par des autorités autoproclamées et qui conduisent inexorablement le pays aux enfers.
Fait à Ottawa le 5 juillet 2017
© L’Alliance des Burundais du Canada, l’ABC