Selon l’Organisation Internationale pour les Migrations (OIM), le terme « réfugié » fait référence à toute personne qui, « craignant avec raison d’être persécutée du fait de sa race, de sa religion, de sa nationalité, de son appartenance à un certain groupe social ou de ses opinions politiques, se trouve hors du pays dont elle a la nationalité et qui ne peut ou, du fait de cette crainte, ne veut se réclamer de la protection de ce pays ».
Depuis l’accession à son indépendance, le Burundi a connu beaucoup de violences politiques, de persécutions ethniques, de violations massives des droits humains, provoquant ainsi un exode de la population fuyant les persécutions. Dans ce beau et petit pays d’Afrique Centrale, les derniers à avoir pris le chemin de l’exil sont partis suite aux violences perpétrées par des forces de l’ordre et certains miliciens Imbonerakure (ligue des jeunes affiliés au parti au pouvoir CNDD-FDD0) après le passage en force de feu président Pierre Nkurunziza pour un 3e mandat illégal et illégitime. Les exilés du régime appartiennent dans les deux principales ethnies (Hutus et Tutsis), chose qu’on n’avait pas l’habitude de voir dans le passé. Le Haut-Commissariat pour les Réfugiés (HCR) estime à 333,505 le nombre de réfugiés burundais dans la région des Grands Lacs. Avec plus de 164 620, la Tanzanie compte le plus de réfugiés burundais. C’est aussi dans ce pays qu’on rapporte plusieurs violations des droits de réfugiés en particulier dans le camp de réfugiés de Nduta.
Si certains ont pu fuir et s’établir en toute sécurité en Occident, nombreux sont ceux qui sont encore dans la misère dans les camps de réfugiés africains ou ceux qui ont la nostalgie du pays. Pour Justine Nkurunziza, Présidente de la Coalition de la Société Civile pour le Monitoring Électoral (COSOME), la journée mondiale pour les réfugiés lui rappelle qu’elle n’avait jamais pensé qu’un jour elle quitterait le Burundi et devenir, du jour au lendemain, apatride. Mais ce voyage lui a appris d’être résiliente. Quant à Blaise Nijimbere alias Baconib, activiste des droits de l’homme et lui-même réfugié, ses pensées vont à des centaines de milliers de compatriotes en exil, partout où ils sont et surtout à ceux des camps des réfugiés. Pour Pacifique Nininahazwe, grand défenseur des droits de l’homme, la journée internationale des réfugiés devrait rappeler à tout être humain sur terre qu’il peut devenir réfugié à tout moment.
« Je ne m’étais jamais intéressé à la situation des réfugiés avant de le devenir moi-même. Je ne savais rien de leurs souffrances et de leur condition. Je souhaite beaucoup de courage à mes compatriotes réfugiés ».
Pacifique Nininahazwe, Défenseur des droits de l’homme
Il en profite pour rappeler que la journée mondiale du réfugié« est une occasion de sensibilisation sur les droits des réfugiés et doit être une occasion d’expression des réfugiés sur leurs conditions de vie, sur les violations de leurs droits. Pour l’humanité entière, ça devrait être un moment de réflexion sur les causes de l’exil des citoyens ». Lui aussi a une pensée particulière pour les nombreux réfugiés burundais dans les camps en Tanzanie, au Congo, au Rwanda, en Ouganda, au Kenya, en Zambie, au Mozambique et au Malawi.
Difficile d’être considéré comme un pays en paix lorsqu’on produit régulièrement des réfugiés. Ainsi, chaque régime essaie plus ou moins de rassurer afin que les filles et fils de la nation rentrent au bercail. On l’a observé dans les années quatre-vingt-dix avec l’avènement du multipartisme au Burundi, c’est encore le cas aujourd’hui avec des dirigeants qui ont, eux-mêmes, été des réfugiés.
Lors de l’intronisation du nouveau président Évariste Ndayishimiye, l’Archevêque de Gitega, Mgr. Simon Ntamwana, a demandé au nouveau président de laisser les réfugiés rentrer. Dans un discours mi-figue mi-raisin envers ces derniers, le nouveau président de la république appelle au retour des réfugiés pour, dit-il, contribuer au développement du pays.
« Que Dieu nous donne du courage et la résilience, et qu’il fasse en sorte qu’on rentre chez nous en paix et sécurité ».
Blaise Nijimbere alias Baconib, Activiste des droits de l’homme
Avant ce retour, il faudra tout de même des préalables. Selon Pacifique Nininahazwe « le régime doit s’engager dans un dialogue franc avec les leaders en exil pour une solution rapide et durable à la crise burundaise, ce qui permettra le retour des réfugiés dans leur pays ». André Dunduri, Président de l’Alliance des Burundais du Canada (ABC), abonde dans le même sens: « Le Burundi doit créer des conditions rassurantes et favorables au retour des réfugiés ». Selon lui, « c’est avec un environnement favorable qui inclut le respect des libertés civiques et politiques à l’endroit des individus, des partis politiques, de la société civile et des médias qu’on rassurera ceux qui ont fui le pays ».
Ensemble tout devient possible d’après le slogan de campagne du nouveau Président élu. Au-delà des discours, les burundais attendent avec impatience des actes concrets tout en incluant les réfugiés dans cet ensemble qui constituait son slogan de campagne.